Il y a si peu de temps,
Oh tant de temps,
J’étais un homme vivant.
Et enfin voilà que soudain
Rien, rien que du silence
Du silex coupant
De vaines artères et puis du
sang
Depuis je ne suis plus,
Sous la pluie, qu’un être mort
Qui ne se plaît
Qu’au bord de sa plainte,
Sans peines ni pleurs,
Sans racines sans haine,
Un simple mec qui se
dégonfle.
Quand le vent souffle :
– Eh ! tu as vu
l’heure ?
Et tout recommence.
C’est le matin ou bien la
nuit,
C’est souvent vers minuit
Que viennent ces remords
Demander l’obole
Et qu’ai-je ?
Peut-être les boules,
Peut-être le flingue et les
balles,
La lame et les yeux en
larmes.
Précisément les yeux noyés,
Mutilés par l’espoir
d’apprendre à donner un jour,
L’âme broyée s’élance du corps
torpe vers le soleil
Et, avec le cœur à mil à
l’heure,
Je respire, je respire, je
respire